dimanche 6 février 2011

Levain, Lumière du monde

« Vous êtes le sel de la terre…Vous êtes la lumière du monde. »

On connaît bien ces deux phrases, surtout depuis les J.M.J. de 2002, à Toronto, dont c’était le thème.
Mais est-ce que nous sommes bien conscients de ce que cela veut dire ?

Sel de la terre, lumière du monde.
Le sel n’existe pas pour lui-même, de même que la lumière.
Ils ne sont là qu’en référence à la terre, au monde. Et quand Jésus dit cela à ses disciples, dont nous sommes aujourd’hui, il les mets dans une situation missionnaire. Cela veut dire : vous qui avez écouté mes paroles, vous qui avez cru en moi, eh bien vous êtes le sel et la lumière pour le monde. Et vous ne pouvez pas vous y dérober. Votre présence au monde est indispensable. Il ne peut atteindre sa plénitude que si vous vous révélez être sel et lumière.
C’est valable pour l’Église dans son ensemble, mais aussi pour chacun de nous.

Quel est le lien entre le sel et la lumière ? A priori, on ne voit pas bien ce qu’ils ont en commun. Un minéral qui sert dans l’alimentation, et une notion qui n’existe qu’en utilisant différents moyens (bougie, feu, lampe électrique, soleil…).
Mais tous les deux sont des révélateurs : le sel est un exhausteur de goût, il donne ou renforce la saveur des aliments ; la lumière fait connaître la beauté (et la laideur) des êtres et du monde.
Les aliments existent avant qu’on y mette du sel ; les êtres et le monde existent avant qu’on mette la lumière. Mais l’ajout de sel rend les préparations culinaires plus agréables à consommer, et la mise en lumière permet de montrer ce qui ne pouvait pas être vu.
Et c’est là toute l’importance de la mission que le Seigneur nous confie. Le monde peut vivre sans nous, l’humanité n’a pas besoin de nous pour exister, mais le Seigneur nous confie une mission : rendre ce monde plus beau, meilleur, afin que « en voyant ce que vous faites, ils rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux. »
Et comment faire ?
Jésus nous le dit aussi : « C’est à ce que vous vous aimerez les uns les autres que l’on reconnaître que vous êtes mes disciples. »
Vivre l’amour entre nous, mettre de l’amour dans le monde. Parce que là où est l’amour, là est Dieu.
Mais l’amour n’est pas l’apanage des chrétiens, heureusement. Les gens n’ont pas besoin de nous pour vivre des situations d’amour et de partage. Mais ce que nous pouvons leur apporter, mais sans le dire, en le vivant, en le montrant, c’est que l’amour qui, nous, nous fait vivre, il vient d’un amour encore plus grand, celui que Dieu a pour les hommes et qui a été manifesté par le don d’amour de Jésus-Christ qui s’est offert pour nous permettre de vivre, éternellement, dans l’amour de Dieu son Père, parce que Dieu est Amour. (et miséricorde, heureusement pour nous !)

Finalement, pour être missionnaire, il suffit d’aimer ! comme le disait le titre du film sur Ste Bernadette de Lourdes.
Mais il faut le faire sans ostentation, discrètement, dans l’humilité, comme l’ont fait bien des saints ou futur(e)s saint(e)s, comme mère Térésa ou Sr Emmanuelle. Trop de sel rend la préparation infâme. Trop de lumière éblouit et ne révèle plus rien. Il faut la juste mesure, et pour cela, nous pouvons compter sur l’Esprit Saint qui saura, si nous sommes attentifs, nous dire les limites à ne pas dépasser. (Mais aussi nous dire le minimum que nous avons à faire !)

Et c’est quoi ce minimum ? Relisons la première lecture : « Partage ton pain…Recueille le sans-abri…Donne un vêtement… Fais disparaître le joug, la menace, la malveillance…alors ton obscurité sera comme la lumière de midi.»

Finalement, Jésus nous demande de vivre les béatitudes. Toutes les béatitudes !

Et n’ayons pas peur de cela, le psaume de ce jour nous donne la solution :
« Le cœur ferme, il s’appuie sur le Seigneur.
Son cœur est confiant, il ne craint pas. »
A.M.