dimanche 30 janvier 2011

Heureux

« Heureux… »
C’est le désir de chacun, être heureux !
On pourrait peut-être dire que c’est aussi un besoin, tant ceux qui ne sont pas heureux n’ont pas vraiment figure humaine. Ils sont tristes, et souvent rendent tristes ceux qu’ils rencontrent.
Mais comment être heureux ? C’est quoi être heureux ?
Si on demande aux gens qu’est-ce qu’être heureux, la plupart risquent de répondre : c’est avoir une belle voiture, une grande maison, avoir beaucoup d’argent pour pouvoir acheter ce qu’on veut, avoir une belle femme ou un beau mari…faire ce qu’on veut, être libre, etc …
Finalement on aurait certainement une belle vision de la société telle qu’elle nous est présentée aujourd’hui dans notre société de consommation, avec tous les artifices qu’on retrouve dans les messages publicitaires.
Une vision basée principalement sur l’avoir (le plus, le beau, le mieux…) qui est la marque de notre société individualiste, voire égoïste.

Que nous propose Jésus au début de son premier grand discours dans l’évangile de Matthieu ?
Rien à voir avec l’accumulation de biens, de possessions…Il nous propose une attitude, une manière d’être, une disposition d’esprit.
Et c’est surtout vrai quand il nous demande d’avoir un cœur de pauvre.
Il n’a pas dit : ne vous enrichissez pas, restez ou devenez indigent ; ce qui est le sens qu’on donne au mot pauvre actuellement.
Il ne dit pas : soyez heureux car vos enfants souffrent et meurent de faim !
Il parlait à des juifs pour qui le terme ‘pauvre’ renvoie à celui qui est abaissé, opprimé, qui ne peut tenir tête devant les autres, et en son sens religieux, à l’homme paisible qui est soumis à Dieu, qui met en lui sa confiance, et attend de lui son secours. C’est celui qui est pauvre devant Dieu, et par son attitude est reconnu comme pauvre devant les hommes.
Jésus nous demande d’avoir un cœur assez pauvre pour pouvoir nous reconnaître petit devant Dieu (« Si vous ne devenez semblables à ces enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Cieux »), se mettre devant lui les mains ouvertes, humblement, pour accepter de recevoir de lui, et de lui seul, la force qui nous fait avancer, dans l’espérance du Royaume de Cieux.
Il ne s’agit pas de fatalisme, mais d’une proposition de se mettre dans un état d’abandon total à Dieu pour faire ce qu’il dit, pour vivre son évangile… et ceci est vrai pour tous, quel que soit le lieu où il et né (dans un pays développé ou dans un pays en voie de développement), quelle que soit sa classe sociale, quel que soit son niveau d’étude, et même quelle que soit sa richesse !
Être prêt à tout recevoir de Dieu, c’est d’abord vouloir penser à Dieu, mais c’est aussi vouloir penser aux autres avant de penser à soi (« Celui qui veut venir à ma suite, qu’il se renonce à lui-même, qu’il porte sa croix, et qu’il me suive »). C’est tout le contraire de l’égoïsme, de la notion de possession.

Si on a compris cela, alors la suite des béatitudes semble presque une évidence. C’est une suite logique qui ne devrait plus poser de problèmes.
Avoir un cœur de pauvre, c’est regarder les autres avec le regard de Dieu, lui qui voit en tout homme un fils auquel il donne son amour, sa consolation, son pardon, et qu’il veut sauver.
Si nous avons ce regard-là, alors nous serons des doux (pas des lavettes), des affamés de justice, des artisans de paix, prêts à pardonner, et à aller jusqu’au bout de ce que nous entreprenons « à cause du regard de Dieu ».
Alors nous seront accueillis dans le Royaume des Cieux.
Une récompense ? Bien plus ! Ce sera la suite de ce que nous avons vécu sur la terre, pauvre devant Dieu. Mais ce sera surtout vivre dans la présence de Dieu, tout le temps, face à face, le regardant dans l’amour, et lui nous regardant dans son incommensurable amour.

Mais peut-être le plus dur est d’arriver à avoir ce cœur de pauvre devant Dieu, dès ici bas, sur cette terre !
A.M.